Trop facile!

Publié le par diane beausoleil

Ca commence comme une chanson :

« Ils étaient trois petits enfants… »

Trois petits enfants qui allaient à l’école. Comme tous les enfants, ils ne demandaient rien, et moins que tout à tomber sous les balles d’un fou furieux, gavé de haine et de vengeance.

 

Mais ils ne demandaient pas non plus à être enrôlés sous une bannière nationaliste et religieuse, si jeunes, bien avant l’âge des premiers choix : le plus petit avait trois ans. Non, une école confessionnelle n’est pas une école comme une autre : on n’y forme pas des adultes libres, des citoyens éclairés, mais des adeptes, des prosélytes, des petits soldats. Cette école-là était même d’orientation fondamentaliste, mais quand même sous contrat : la République est bonne fille. La première chose, pour bâtir un monde pacifique et fraternel, ce serait d’élever les enfants tous ensemble. Séparer les êtres humains dès l’enfance, c’est déjà en faire des ennemis potentiels, des otages ou des cibles.

 

Trop facile ! Oui, c’est trop facile de s’en pendre aux enfants, mais aussi de s’en servir. Je n’aime pas le tapage médiatique de ces jours derniers, la mise en scène lacrymogène à souhait, et la ruée des candidats vers la synagogue la plus proche. Et encore un coup de canif dans la laïcité ! Avez-vous remarqué combien de fois on a répété les prénoms des gamins, et comme c’est efficace ? Trop facile, oui. Ca tombe un peu trop bien pour tout le monde : De Le Pen à Mélanchon, chacun y trouve de quoi faire son petit marché. Ca a permis aussi, coïncidence que peu de gens ont relevée, de faire complètement passer à la trappe le cinquantenaire des accords d’Evian, dont la célébration pouvait embarrasser l’état français comme l’état algérien. En revanche, pour ceux qui n’ont pas la mémoire courte, ça rappelle de vilains souvenirs. Par exemple, la dernière sortie du père Le Pen citant Brasillac, le directeur de l’ignoble « je suis partout », qui disait :

« Débarrassez-moi de tout ça, et n’oubliez pas les petits. »

Brasillac en rêvait, Laval l’a fait, et d’autres rêvent de continuer… Ca devrait nous rappeler aussi que, sur dix postulants à la fonction présidentielle, deux relèvent d’une longue tradition ouvertement antisémite : la blonde que vous savez, avec sa robe de bal, et le petit tout petit Cheminade, dont je vous recommande le curriculum vitae dans Wikipédia.

 

Mais ce serait encore trop facile de réserver le monopole de l’antisémitisme à la seule extrême droite. On connaît la formule :

« Ca sent le roussi : ça doit venir d’en face. »

Malheureusement, quelquefois, ça vient d’à côté. Il y a une certaine gauche qui n’est pas nette, et qui s’en doute. Et même dans la mouvance libertaire… Je n’aime pas Siné.

 

Mes amis qui militez pour la cause palestinienne, je vous en prie, faites attention ! Les mots sont terribles, les mots sont vivants et puissants. « Israël assassin », c’est insupportable ! Il y a des appels au boycott qui sont comme des tisons allumés. Quoi que fasse cet état, qui ne me plaît pas plus qu’un autre, souvenez-vous comment et pourquoi il s’est créé, que ceux qui sont venus là ne pouvaient plus vivre ailleurs ou qu’on ne voulait plus les y voir. Le dragon ne dort jamais que d’un œil : ce n’est pas la peine d’aller lui titiller la paupière. Et quand j’entends une brave dame déclarer, sur le répondeur de Daniel Mermet, que les juifs seraient plus en sécurité au milieu des autres peupls qu’en Israël, je crois rêver. Les juifs seront en sécurité quand tous les autres peuples le seront, dans un monde libéré de tout fanatisme, y compris du leur.

 

Quant à l’homme à la moto, quel qu’il soit (et c’est loin d’être clair), je le range de toute façon dans la grande famille de ces imbéciles fieffés qui ont besoin de tenir une arme pour se sentir importants, et qui tuent parce qu’ils ne savent pas vivre.

 

Ma cousine Emma Goldmann est morte en 1940, juste avant la Shoah. Je me demande bien ce qu’elle aurait dit de tout ça.

 

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